Cette chronique est le fruit de deux lectures concomitantes, l’une entreprise il y a plusieurs semaines et de longue haleine (il y a 3 cycles de plusieurs tomes à chaque fois) et l’autre réalisée dans ma classe (et à la maison !) dans le cadre du salon du livre de jeunesse à Saint Germain les Arpajon.
Chaque histoire démarre avec un jeune garçon et un univers onirique, où le héros vit dans un monde qui ressemble au nôtre, ou ressemblait au nôtre, avec un peu de magie en sus… Magie qui fait toute la différence.
Blanc est l’histoire d’un jeune garçon vivant au coeur de la montagne. Un jour, il surprend un renard rôdant près de sa maison attiré par les restes accumulés dans la poubelle, et il décide de le suivre quand celui-ci repart dans la forêt. Le lecteur plonge alors dans le brouillard et se retrouve dans un ailleurs où se rejoignent les imaginaires de beaucoup. Les dessins de Stéphane Kiehl ont la particularité de nous engloutir en un instant dans son histoire, tout est blanc, ou noir, immense surtout, et le héros, tout comme le lecteur, touchent du doigt leur petitesse face à la nature. Ils s’ouvrent alors à sa magie, qu’elle soit réelle ou imaginée. Actuel, cet album rassemble une nature intemporelle telle que nous voudrions qu’elle reste, et le monde d’aujourd’hui. Le premier coup d’oeil laisse le lecteur émerveillé par les dessins qui ne semblent pas réels tant la nature est dans nos esprits marquée par l’Homme, et puis l’oeil est ensuite attiré par les détails de la modernité néanmoins présents, aidé par le texte qui vient nous rappeler que nous sommes bien au XXIème siècle.
L’assassin royal conte l’histoire de FitzChevalerie Loinvoyant, jeune garçon plongé dans les aventures et les intrigues d’un monde médiéval, et surtout fantastique, aux mille rebondissements. Doté du Vif et de l’Art, il peut se lier aux hommes et aux animaux, faire corps avec eux. Avec son animal, un loup, le héros nous ramène à la nature, à sa beauté, sa simplicité, et nous interroge sur notre propre individualité, notre condition humaine, faite d’interactions sociales nécessaires mêlées de retours à une certaine solitude qui apparait au moins aussi vitale que la confrontation au monde.
J’ai vu dans le renard et l’enfant de Stéphane Kiehl le couple loup/FitzChevalerie de Robin Hobb lorsqu’ils partent ensemble à l’aventure dans les montagnes, magiques, ou lorsqu’ils partent à la chasse. Il y a dans les deux ouvrages un rapport à la nature très puissant, une vision de la montagne, mais du monde également, à la fois immense et magique, qui entraîne le lecteur aux confins d’un imaginaire original et assez salvateur à mon sens dans cette période troublée.
Blanc, Une histoire dans la montagne, Stéphane Kiehl, La Martinière Jeunesse, 2020
https://www.editionsdelamartiniere.fr/livres/blanc/
L’assassin royal, Robin Hobb, éditions Pygmalion, 1998
https://www.editions-pygmalion.fr/
Image : Emmanuelle Boucard Loirat
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