Léa vit au rythme des mutations de sa mère et, pour sa rentrée en seconde, elle arrive dans un nouvel établissement où elle ne connait personne. L’adolescente est perdue et déjà angoissée par le groupe.
« Personne ne me parle, personne ne me voit, même si je fais une tête de plus que la plupart d’entre eux. On entre dans la classe, ils se bousculent pour avoir les places du fond, de vrais gamins. Je les déteste déjà. Mais je les envie aussi. D’être en terrain connu, d’avoir des alliés, de ne pas avoir peur. De ne pas s’être levés avec le cœur battant trop vite et les mains moites. J’opte pour la technique du fantôme, devenir transparente. Ce sera plus simple. C’est le premier jour au lycée, l’année va être longue. »
Pourtant, petit à petit, elle s’intègre au groupe, un sourire, un bon mot, un panier brillamment marqué, et elle trouve sa place parmi les autres.
Le cours d’histoire-géographie est particulièrement propice pour nouer de nouvelles amitiés, le prof, monsieur Fauchon, est un peu étrange, et il manque de présence, d’autorité. Il n’en faut pas plus pour que la classe s’emballe, contre lui. Léa n’est pas en reste pour se moquer, avec les autres, et même si son cœur lui dicte qu’il ne faut pas, son envie, son besoin d’intégration sont les plus fortes.
Une catastrophe est en marche et rien ni personne ne semble pouvoir l’arrêter.
Adèle Tariel a écrit ce premier roman dans le cadre d’une résidence d’écrivain, à partir d’une idée qui lui était chère, au contact des mêmes adolescents que ceux décrits dans La Meute, et tout sonne juste dans son propos. En moins d’une centaine de pages, elle a réussi à poser une situation qui n’est pas si commune que ça, le harcèlement d’un professeur par ses élèves, et à développer l’ensemble des sentiments des protagonistes. Les questionnements sont multiples et intéressants. Comment est-il possible de harceler un professeur aussi longtemps et aussi gravement sans que rien ne soit fait au niveau institutionnel ? Au sein même d’une équipe enseignante également, pourquoi ne pas réagir ? Pourquoi la victime, adulte, consciente de ce qu’il lui arrive, garde-t-elle le silence ? Ce roman interroge aussi beaucoup sur les mécanismes des relations sociales des adolescents entre eux, la pression du groupe qui très vite peut devenir oppressante et aboutir à des catastrophes. Comment réussir nous adultes à aider ces jeunes à prendre la parole pour dire leurs souffrances et faire changer les choses, éviter les situations extrêmes ?
Le roman d’Adèle Tariel va certainement devenir un formidable outil pour les équipes enseignantes afin de dénouer les gorges et libérer la parole. L’ouvrage, facile à lire, d’autant plus qu’il est édité dans la série Presto de chez Magnard Jeunesse qui propose la lecture entière du livre par l’autrice grâce à un QRCode, est accessible à tous. Court mais complet il devrait permettre aux enseignants de faire un focus sur le sujet du harcèlement en quelques semaines de cours. Il peut, il va, également aider de nombreuses familles à amorcer le dialogue au sein du foyer.
Bref, La Meute d’Adèle Tariel est un ouvrage réussi et nécessaire, à lire, à offrir, pour que chacun comprenne que le harcèlement est l’affaire de toute la société.
La meute, Adèle Tariel, Magnard Jeunesse, 2021
https://deslivresetunechambreasoi.fr/2021/03/03/la-meute/
Image : Emmanuelle Boucard Loirat
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